A l’initiative d’un sociétaire du Chat Sauvage, Eric Piolle, maire de Grenoble et candidat déclaré à la primaire écologiste pour l’élection présidentielle de 2022, est venu à Brassy, le samedi 10 juillet, pour rencontrer les acteurs de la société civile mobilisés pour la forêt du Morvan et partager ses premières propositions en matière de forêt et de filière bois. Il a été accueilli par plusieurs membres du Groupement du Chat Sauvage accompagnés de différents acteurs défenseurs de la forêt, des membres d’Adret-Morvan ou encore de la FNAB. Le maire de Brassy, Jean-Sébastien Halliez, ainsi que Sylvain Mathieu, Président du Parc naturel régional du Morvan, étaient aussi présents.
Cette rencontre a tout d’abord donné lieu à plusieurs présentations de nos préoccupations et activités relatives à la forêt. Elles ont illustré les difficultés rencontrées, à commencer par l’ONF dont un agent a présenté l’historique et la réduction des effectifs qui conduit à l’impossibilité de réaliser ses missions essentielles et semble mener à son démantèlement. Régis Lindeperg a rappelé la mobilisation de 2 ans contre le projet projet de giga scierie Erscia. Anne Faisandier, réalisatrice du film « La forêt est à nous », a partagé ce qu’elle a recueilli de l’attachement des habitants du Morvan à leur territoire, à sa singularité forestière et à son authenticité menacée par l’agroforesterie de résineux et les coupes de feuillus. Les conséquences de la monoculture de résineux, qui perdure jusqu’aux toutes dernières plantations dans le cadre du plan de relance, ont également fait l’objet d’échanges introduits par Frédéric Beaucher (gérant du Chat sauvage) – qu’il s’agisse de biodiversité ou de parasites, comme le scolyte. Les raisons d’être, le fonctionnement et l’ampleur du groupement du Chat sauvage ont été présentés par Camille Le Gouil.
La rencontre s’est poursuivie par une marche forestière menant à une coupe rase. Cela a été l’occasion d’une présentation des conséquences de ces coupes rases sur la biodiversité, la qualité des sols, l’érosion, les chemins communaux et les paysages. Sylvain Mathieu a raconté l’affrontement entre le Parc du Morvan et l’Etat pour introduire un droit de regard sur les coupes rases dans la nouvelle Charte du Parc. Même un avis consultatif a été refusé au Parc, en la matière, et l’Etat a menacé de lui retirer son soutien financier voire sa qualité de PNR. Pourtant, les élus du Parc avaient voté à l’unanimité cette évolution, largement légitimée par le Comité scientifique du Parc.
Après avoir présenté sa démarche, Eric Piolle a fait preuve tout au long de la matinée d’intérêt avec de nombreuses questions, et a souligné ses convergences de vue avec plusieurs constats et diagnostics présentés par les participants. Enfin, il a donné quelques axes forts en matière de propositions qu’il fera en faveur de la forêt dans le cadre de la campagne à venir :
1/ Refonder un service public des forêts rattaché au Ministère de l’Environnement, avec transformation de l’ONF en établissement public administratif doté de 5000 emplois supplémentaires d’ici 2027 (effectifs de 1985)
2/ Interdire les coupes rases dans les forêts anciennes et les limiter à 1 hectare dans les plantations – excepté pour raisons sanitaires et progression de la biodiversité.
3/ Protéger 10 % des forêts françaises dans des zones en libre évolution, avec un pourcentage minimum dans chaque région et un régime fiscal spécifique et incitatif.
4/ Créer 30 000 emplois-communs dédiés aux forêts et à leurs écosystèmes ; transformer le gouvernement des forêts en passant d’un management vertical à une gestion en commun avec la société civile et les acteurs des territoires.
5/ Interdire les exportations de chênes brut en dehors de l’UE, alors que 30 % du chêne est exporté et que les scieries de chênes françaises fonctionnent à 60% de leurs capacités par manque de matière première.
6/ Maintenir les récoltes de bois en forêt au niveau de la production de 2016 (80% de la production biologique annuelle).
7/ Diminuer la consommation de papier et de carton de 20 %.
8/ S’opposer à l’application du traité de libre-échange avec le Mercosur pour lutter contre la déforestation importée.