Il s’agit d’une première édition qui se tiendra à Saint-Jean-le-Blanc, près d’Orléans afin d’étudier les évolutions du marché, l’impact sur la qualité de l’air ou les ressources disponibles.
Peuvent y participer non seulement les professionnels de la filière mais aussi toute organisation publique ou privée dont les activités ont un lien avec le bois bûche.
Les organisateurs réunissent des associations professionnelles comme France bois bûche, Fibois et des structures publiques; préfecture, région, Ademe.
Un des thèmes étudiés sera le séchage artificiel du bois bûche, de plus en plus en vogue pour alimenter les poêles à bois nouvelle génération, notamment à travers le rapport Solusec-Solutions techologiques pour le séchage du bois de chauffage- publié en 2021 par l’Ademe, l’ONF et des organisatons de la filière.
La consommation de bois de chauffage en France était alors estimée à près de 27,2 Mm3, dont seulement 4,8 Mm3 passaient par le circuit professionnel.
Les informations ci-dessous sont issues d’un mailing du journal en ligne Disclose de février 2023
Disclose a infiltré un réseau de trafiquants franco-chinois et révèle un trafic de grande ampleur qui semble concerner des centaines de milliers de mètres cubes de chêne et de bois de valeur. L’enquête est disponible ici.
Ce trafic a lieu malgré la réglementation qui interdit l’exportation de bois sans transformation (Transformation UE). Plusieurs procédés de contournement sont aussi révélés par Disclose. L’enquête est disponible ici.
Webinaire du 9 janvier 2023 Une brève de Danielle Bergeron
Ce webinaire a donné la parole à deux intervenantes toutes deux membres du Conseil Scientifique du Parc naturel régional du Morvan:
Corinne Beck, Professeure d’histoire et d’archéologie, UMR 7041 Équipe « Archéologies environnementales », co-présidente du Conseil Scientifique du Parc
Isabelle Jouffroy-Bapicot, Palynologue/paléo-écologue, Ingénieure de Recherche CNRS – Laboratoire Chrono-Environnement, membre du Conseil Scientifique du Parc
D’une durée de 90 minutes, il comprend 3 parties de durées à peu près égales, avec de nombreux schémas explicatifs, élaborés à partir de l’étude des indices biologiques et des documents historiques : 1) Isabelle Jouffroy évoque le temps long, les différentes périodes géologiques et climatiques, leurs conséquences sur la végétation, puis les interventions humaines depuis la préhistoire. Les recherches indiquent très clairement l’apparition des différentes essences d’arbres présentes dans le Morvan et leur évolution. Elles confirment l’introduction très tardive des résineux. 2) Corinne Beck retrace , depuis l’époque médiévale, l’évolution de la couverture forestière, les rôles multiples de la forêt et les différents types d’exploitation dont elle a fait l’objet. Le grand tournant est le passage de la forêt vivrière à la forêt marchande – à l’époque du flottage du bois vers Paris -, l’industrialisation progressive de cette ressource naturelle. 3) Réponse aux questions, avec des interventions de Théo Damasio, et de Christine Dodelin
« Connaître cette histoire peut nous aider à comprendre les écosystèmes en place, leur capacité à héberger une biodiversité remarquable, leur résilience face aux changements globaux, mais également la façon dont nos sociétés se sont développées. »
D’après le pôle régional du Département de la Santé des Forêts (DSF), les chaleurs sèches et prolongées ont favorisé la prolifération de ces insectes qui ravagent les sapins, notamment dans le massif du Morvan -malgré une diminution en plaine-. Sur la région B-F.C, on estime à 8 millions de m3 le volume de bois scolytés depuis 2018
Question posée aux naturalistes par le biais d’une procuration lors de l’Assemblée générale du 6 novembre 2022 : Le houx est-il considéré comme une espèce invasive qu’il faudrait combattre, compte tenu de la place qu’il occupe dans certains sous-bois ?
Réponse de Laurent Paris après enquête sur le sujet
Le Houx est une espèce indigène à assez large répartition qui pousse dans des conditions pédoclimatiques assez variées. C’est une espèce d’ombre, préférant des sols frais (gardant l’humidité) et acides et une humidité atmosphérique marquée. C’est pour cela qu’il est particulièrement dynamique dans les forêts de feuillus peu éclaircies du Morvan où s’exprime une nette influence du climat océanique (partie Ouest du Morvan notamment). Il y est donc tout à fait à sa place. Il est même caractéristique d’un habitat forestier décrit par le Muséum National d’Histoire Naturel : les Hêtraies-chênaies collinéennes à Houx. Il est utile pour de nombreux petits oiseaux qui trouvent un refuge très efficace dans ses feuillages épineux. Ses baies sont également consommées (bien que toxiques pour l’homme). Son autre intérêt est de fournir du bois pouvant être utilisé dans la fabrication de manches d’outils par exemple, et des rameaux pour les décos de Noël.
Il n’est pas considéré comme une espèce invasive (terme consacré aux espèces non indigènes), mais il peut être envahissant dans certaines conditions, notamment lorsqu’il y a peu de lumière au sol. Pour le gestionnaire forestier, toute la question est de limiter sa présence pour favoriser la régénération naturelle notamment du hêtre et du chêne, et de trouver le bon dosage dans les éclaircies de régénération pour favoriser les semis sans entrainer une explosion de la ronce par exemple. La coupe en pied du Houx (pas de façon systématique) peut être aussi une solution (fastidieuse, mais peut être la meilleure) qui permet de laisser plus de place à la régénération. De plus les chevreuils seront également des alliés en mangeant les jeunes pousses de houx après recepage.
Face au dépeçage de l’Office National des Forêts, des gardes forestiers et forestières expliquent à un militant de l’association Canopée, sur le terrain, leur métier et les problèmes, voire les souffrances, auxquels ils sont confrontés. Ils évoquent aussi leur résistance aux politiques publiques néfastes. Canopée, en liaison avec le syndicat SNUPFEN, a lancé une pétition qui a recueilli plus de 184 000 signatures et a décidé de lire en public, devant l’Assemblée nationale, les noms des signataires, ce qui a pris des dizaines d’heures, de jour comme de nuit. Plusieurs partis et mouvements politiques, demandant plus de moyens pour l’ONF, ont déposé des amendements au projet de loi sur la forêt, face auxquels le gouvernement a une fois de plus utilisé l’article 49.3 pour passer en force.
Face aux changements climatiques, de nombreux projets visent à introduire des essences d’arbres exotiquesdans les forêts françaises. Souvent avec l’aide de subventions publiques. Or cette pratique ne va pas sans risques: plantation d’essences invasives, introduction de nouveaux parasites, altérations de l’écosystème… Aussi la Société Botanique de France, qui s’en est inquiétée, a-t-elle décidé de faire le point sur les connaissances scientifiques dans ce domaine en publiant un livre blanc de près de 150 pages, qu’elle a présenté en avant-première dans le cadre des « Assises du bois et de la forêt » organisées par le Gouvernement. Ce livre blanc est accessible à tous en téléchargement et une version imprimée est disponible sur demande. https://societebotaniquedefrance.fr/2021/12/14/la-societe-botanique-de-france-publie-un-livre-blanc-sur-lintroduction-dessences-exotiques-en-foret/
Dans l’Yonne sur le thème des forêts, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, veut « un renouvellement qualitatif avec des essences plus résilientes »
Visite d’observation sur une parcelle du Chat sauvage
Texte de Danielle Bergeron Photographies de Inès Levy
Dimanche 6 novembre 2022
Le rendez-vous était fixé à 14h30, au Pont des Bruyères, tout au bout du Lac de Chaumeçon, près de Brassy (Nièvre).
Nous étions une vingtaine à rejoindre Maxime Jouve, écologue du Conservatoire des espaces naturels de Bourgogne qui, le matin déjà, lors de l’Assemblée générale du Chat sauvage était venu présenter son travail de comptage des chauve-souris sur une des parcelles du groupement. Passionnant.
Nous avons longé en file indienne, pendant une bonne vingtaine de minutes, le sentier qui surplombe la rive du lac pour atteindre une des plus belles parcelles que possède le groupement et où ont eu lieu cette année les premières coupes de bois.
En chemin, nous nous sommes arrêtés au bord d’une plantation de résineux, des douglas (ou pin d’Orégon) que l’on trouve désormais partout dans le Morvan. « Un exemple de ce qu’il ne faut pas faire », a dit Maxime, avant de nous expliquer les différentes strates qui composent le sol, comment les couches supérieures issues de la décomposition des feuilles mortes sont différentes de celles que ne couvrent que des aiguilles et ce qu’il advient quand une plantation monospécifique et équienne (tous les arbres ayant le même âge) est coupée à blanc.
La qualité du sol est extrêmement importante puisqu’il sert à l’arbre à la fois de support et de source de nourriture. Et les sols sont fragiles, longs à se reconstituer, ce qui parfois s’avère impossible tant ils sont dégradés.
Par ailleurs, une parcelle diversifiée peut abriter par exemple 15 ou 20 espèces d’oiseaux, là ou une plantation monospécifique n’en aura que 4 ou 5.
Très vite, nous sommes repassés dans un bois de feuillus et la différence non seulement entre les arbres, mais entre ce qu’on trouve dessous saute immédiatement aux yeux. Et quelle sensation de bien-être et de soulagement!
Arrivés sur la parcelle du Chat sauvage, Maxime nous a rappelé que nos milieux forestiers abritent environ 900 espèces végétales, 50 % des coléoptères, 75% des fonges, etc. On y dénombre jusqu’à 450 types de micro-habitats.
Puis notre guide a orienté notre observation vers ce qui permet d’estimer la biodiversité présente dans cette forêt.*
Il faut regarder notamment :
•Les différentes essences d’arbres autochtones: chêne sessile, charme, bouleau, hêtre…. Leur diversité garantit qu’un plus grand nombres d’espèces peuvent y vivre. Leurs dimensions sont également importantes, car la variété d’habitats en dépend.
•La structure de la végétation avec ses différents étages -herbacé, arbustif, arborescent- abritant chacun des espèces particulières.
•La présence de bois morts, essentielle, car ils abritent 30% de la biodiversité forestière, qu’il s’agisse d’animaux, de végétaux, de bactéries ou de champignons. Ces bois peuvent être tombés au sol (chablis). Il peut aussi s’agir d’arbres chandelles, c’est-à-dire morts sur pied.
•Les arbres présentant un intérêt écologique, marqués d’un E et ou d’un triangle lors du martelage -marquage des arbres- effectué avec l’expert forestier qui a élaboré le plan de gestion.
Ce sont souvent de gros et vieux arbres où peuvent loger et prospérer de nombreuses espèces, grâce à leurs «dendro-microhabitats » : trous de pics, cavités diverses, écorces décollées, etc.
Nous avons ainsi pu ainsi constater qu’un troglodyte mignon avait fait son nid dans la plaie cicatrisée d’un chêne et apprendre que non seulement les insectes mais aussi les petites chauve-souris trouvent refuge sous les écorces. Et qu’elles changent de gîte chaque nuit.
Pour ces arbres, parfois appelés « bio » par les forestiers, les recommandations devenues habituelles d’en conserver un par hectare ne semblent pas suffisantes. Chaque arbre est un écosystème à lui tout seul.
•La présence d’animaux, leur nombre, la diversité des espèces témoignent bien sûr de la santé de la forêt. D’où l’importance d’effectuer des suivis, sur de longues périodes, comme pour les chauve-souris.
En contrepoint des indications de Maxime, Frédéric Beaucher, gérant du groupement, est également intervenu pour résumer les caractéristiques de la sylviculture choisie par le Chat sauvage : la gestion en futaie irrégulière et ses différentes phases mise en oeuvre sur la parcelle visitée.
Il a décrit l’expert forestier, chargé de décider -lors du martelage- ce que va devenir chaque arbre, comme un « expert de la lumière ». Lorsqu’on procède à des éclaircies, on coupe certains arbres pour permettre à d’autres de se développer pleinement. Maxime avait d’ailleurs évoqué la « guerre pour la lumière » que se livrent les arbres.
D’autre part, pour sortir les arbres coupés, il faut créer des cloisonnements, c’est-à-dire des passages (tous les 20 ou 30 m dans les plantations régulières, ce qui n’est pas le cas ici) afin de protéger le reste des sols. Dans cette parcelle, ceux qui ont été ouverts sont quasiment indécelables pour un oeil non averti.
Les premiers arbres coupés cette année l’ont été pour du bois de chauffage, mais aussi du bois d’œuvre (chêne). Celui-ci, vendu à un jeune charpentier voisin, a été équarri sur place à la hache -les déchets, n’étant pas exportés, viennent enrichir le sol- et débardé à cheval.
Cet après-midi passé en forêt, outre l’agrément toujours renouvelé d’être au milieu des arbres, nous a permis de mieux comprendre la complexité de l’écosystème forestier et de mesurer l’importance d’en tenir compte dans le type de gestion appliqué.