Préserver la forêt grâce à la force équine: c’est le défi écologique relevé depuis plusieurs semaines dans les gorges de la Canche, où les autorités ont parié sur le débardage à cheval pour nettoyer ce site protégé du Morvan.
Au sud de Roussillon-en-Morvan (Saône-et-Loire), l’opération a débuté fin octobre pour deux semaines dans cette réserve biologique domaniale, où un micro-climat froid et humide a permis le maintien d’un milieu forestier rare mis en place il y a 5.000 ans.
Le projet: restaurer cette forêt de ravin originelle, habitat considéré comme prioritaire en Europe, où l’orme de montagne et l’érable sycomore, parmi d’autres espèces végétales, se développent sur de fortes pentes.
AFP / PHILIPPE DESMAZES
« L’objectif des travaux aujourd’hui, c’est d’éliminer les résineux plantés dans les années 1960 », indique à l’AFP Christine Dodelin, chargée de mission à Natura 2000, un réseau européen de sites naturels à grande valeur patrimoniale dont font partie les gorges de la Canche.
Coordonné par l’Office National des Forêts (ONF), le chantier emploie une poignée de solides chevaux de trait qui tirent d’imposants sapins avec un câble. Selon leurs propriétaires, la charge tractée quotidiennement atteint en moyenne « quatre à cinq cents kilos », parfois sur des pentes inclinées à plus de 50%.
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« On ne fait pas travailler un jeune cheval dans ces conditions. Il faut user de calme et surtout avoir la bonne vision de tous les obstacles qui peuvent advenir dans de telles pentes », explique François Biocalti, président de l’association Débardage Cheval Environnement.
– Plus cher que la machine –
« Même en leur laissant des branches, les arbres peuvent partir tout seul, et il faut beaucoup de métier pour savoir où placer le cheval, le mettre à la tête du bois, au pied du bois, pour éviter tout risque pour l’animal », ajoute-t-il.
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Au total, quatre hectares de résineux – soit 1.000 mètres cube de bois – doivent être retirés d’ici la mi-novembre. Les sapins sont acheminés jusqu’à une route située en contre-bas de la forêt, à des points-relais, avant d’être chargés dans des camions en direction d’un dépôt.
« Le cheval est bien placé pour faire le débuscage, c’est-à-dire sortir de la forêt, slalomer entre les arbres pour les grouper, les amener », souligne Florent Daloz, entrepreneur spécialisé dans le débardage à traction animale. « Les machines ont plus de rendement mais n’ont pas accès partout. Elles font des dégâts importants au niveau des sols et au niveau du frottement sur les arbres. »
Reste que les machines sont moins chères que le cheval. La prise en charge du surcoût de ce mode d’exploitation, utilisé dans d’autres régions de l’Hexagone, a été possible grâce à un contrat Natura 2000.
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En France, sur 34,5 millions de mètres cube de bois débardés chaque année, seulement 50.000 m3 le sont par la force équine, soit 0,15% du volume total, selon le site spécialisé france-trait.fr.
« C’est un chantier très coûteux. Le débardage par traction animale coûte à peu près 90 euros le mètre cube contre 17 habituellement avec la machine », précise Christine Dodelin. Mais « ça vaut le coup d’investir fort sur un surcoût pareil quand on peut exploiter des bois qui ont une très forte valeur économique », justifie-t-elle.