D’après le pôle régional du Département de la Santé des Forêts (DSF), les chaleurs sèches et prolongées ont favorisé la prolifération de ces insectes qui ravagent les sapins, notamment dans le massif du Morvan -malgré une diminution en plaine-. Sur la région B-F.C, on estime à 8 millions de m3 le volume de bois scolytés depuis 2018
Face au dépeçage de l’Office National des Forêts, des gardes forestiers et forestières expliquent à un militant de l’association Canopée, sur le terrain, leur métier et les problèmes, voire les souffrances, auxquels ils sont confrontés. Ils évoquent aussi leur résistance aux politiques publiques néfastes. Canopée, en liaison avec le syndicat SNUPFEN, a lancé une pétition qui a recueilli plus de 184 000 signatures et a décidé de lire en public, devant l’Assemblée nationale, les noms des signataires, ce qui a pris des dizaines d’heures, de jour comme de nuit. Plusieurs partis et mouvements politiques, demandant plus de moyens pour l’ONF, ont déposé des amendements au projet de loi sur la forêt, face auxquels le gouvernement a une fois de plus utilisé l’article 49.3 pour passer en force.
Face aux changements climatiques, de nombreux projets visent à introduire des essences d’arbres exotiquesdans les forêts françaises. Souvent avec l’aide de subventions publiques. Or cette pratique ne va pas sans risques: plantation d’essences invasives, introduction de nouveaux parasites, altérations de l’écosystème… Aussi la Société Botanique de France, qui s’en est inquiétée, a-t-elle décidé de faire le point sur les connaissances scientifiques dans ce domaine en publiant un livre blanc de près de 150 pages, qu’elle a présenté en avant-première dans le cadre des « Assises du bois et de la forêt » organisées par le Gouvernement. Ce livre blanc est accessible à tous en téléchargement et une version imprimée est disponible sur demande. https://societebotaniquedefrance.fr/2021/12/14/la-societe-botanique-de-france-publie-un-livre-blanc-sur-lintroduction-dessences-exotiques-en-foret/
Dans l’Yonne sur le thème des forêts, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, veut « un renouvellement qualitatif avec des essences plus résilientes »
Visite d’observation sur une parcelle du Chat sauvage
Texte de Danielle Bergeron Photographies de Inès Levy
Dimanche 6 novembre 2022
Le rendez-vous était fixé à 14h30, au Pont des Bruyères, tout au bout du Lac de Chaumeçon, près de Brassy (Nièvre).
Nous étions une vingtaine à rejoindre Maxime Jouve, écologue du Conservatoire des espaces naturels de Bourgogne qui, le matin déjà, lors de l’Assemblée générale du Chat sauvage était venu présenter son travail de comptage des chauve-souris sur une des parcelles du groupement. Passionnant.
Nous avons longé en file indienne, pendant une bonne vingtaine de minutes, le sentier qui surplombe la rive du lac pour atteindre une des plus belles parcelles que possède le groupement et où ont eu lieu cette année les premières coupes de bois.
En chemin, nous nous sommes arrêtés au bord d’une plantation de résineux, des douglas (ou pin d’Orégon) que l’on trouve désormais partout dans le Morvan. « Un exemple de ce qu’il ne faut pas faire », a dit Maxime, avant de nous expliquer les différentes strates qui composent le sol, comment les couches supérieures issues de la décomposition des feuilles mortes sont différentes de celles que ne couvrent que des aiguilles et ce qu’il advient quand une plantation monospécifique et équienne (tous les arbres ayant le même âge) est coupée à blanc.
La qualité du sol est extrêmement importante puisqu’il sert à l’arbre à la fois de support et de source de nourriture. Et les sols sont fragiles, longs à se reconstituer, ce qui parfois s’avère impossible tant ils sont dégradés.
Par ailleurs, une parcelle diversifiée peut abriter par exemple 15 ou 20 espèces d’oiseaux, là ou une plantation monospécifique n’en aura que 4 ou 5.
Très vite, nous sommes repassés dans un bois de feuillus et la différence non seulement entre les arbres, mais entre ce qu’on trouve dessous saute immédiatement aux yeux. Et quelle sensation de bien-être et de soulagement!
Arrivés sur la parcelle du Chat sauvage, Maxime nous a rappelé que nos milieux forestiers abritent environ 900 espèces végétales, 50 % des coléoptères, 75% des fonges, etc. On y dénombre jusqu’à 450 types de micro-habitats.
Puis notre guide a orienté notre observation vers ce qui permet d’estimer la biodiversité présente dans cette forêt.*
Il faut regarder notamment :
•Les différentes essences d’arbres autochtones: chêne sessile, charme, bouleau, hêtre…. Leur diversité garantit qu’un plus grand nombres d’espèces peuvent y vivre. Leurs dimensions sont également importantes, car la variété d’habitats en dépend.
•La structure de la végétation avec ses différents étages -herbacé, arbustif, arborescent- abritant chacun des espèces particulières.
•La présence de bois morts, essentielle, car ils abritent 30% de la biodiversité forestière, qu’il s’agisse d’animaux, de végétaux, de bactéries ou de champignons. Ces bois peuvent être tombés au sol (chablis). Il peut aussi s’agir d’arbres chandelles, c’est-à-dire morts sur pied.
•Les arbres présentant un intérêt écologique, marqués d’un E et ou d’un triangle lors du martelage -marquage des arbres- effectué avec l’expert forestier qui a élaboré le plan de gestion.
Ce sont souvent de gros et vieux arbres où peuvent loger et prospérer de nombreuses espèces, grâce à leurs «dendro-microhabitats » : trous de pics, cavités diverses, écorces décollées, etc.
Nous avons ainsi pu ainsi constater qu’un troglodyte mignon avait fait son nid dans la plaie cicatrisée d’un chêne et apprendre que non seulement les insectes mais aussi les petites chauve-souris trouvent refuge sous les écorces. Et qu’elles changent de gîte chaque nuit.
Pour ces arbres, parfois appelés « bio » par les forestiers, les recommandations devenues habituelles d’en conserver un par hectare ne semblent pas suffisantes. Chaque arbre est un écosystème à lui tout seul.
•La présence d’animaux, leur nombre, la diversité des espèces témoignent bien sûr de la santé de la forêt. D’où l’importance d’effectuer des suivis, sur de longues périodes, comme pour les chauve-souris.
En contrepoint des indications de Maxime, Frédéric Beaucher, gérant du groupement, est également intervenu pour résumer les caractéristiques de la sylviculture choisie par le Chat sauvage : la gestion en futaie irrégulière et ses différentes phases mise en oeuvre sur la parcelle visitée.
Il a décrit l’expert forestier, chargé de décider -lors du martelage- ce que va devenir chaque arbre, comme un « expert de la lumière ». Lorsqu’on procède à des éclaircies, on coupe certains arbres pour permettre à d’autres de se développer pleinement. Maxime avait d’ailleurs évoqué la « guerre pour la lumière » que se livrent les arbres.
D’autre part, pour sortir les arbres coupés, il faut créer des cloisonnements, c’est-à-dire des passages (tous les 20 ou 30 m dans les plantations régulières, ce qui n’est pas le cas ici) afin de protéger le reste des sols. Dans cette parcelle, ceux qui ont été ouverts sont quasiment indécelables pour un oeil non averti.
Les premiers arbres coupés cette année l’ont été pour du bois de chauffage, mais aussi du bois d’œuvre (chêne). Celui-ci, vendu à un jeune charpentier voisin, a été équarri sur place à la hache -les déchets, n’étant pas exportés, viennent enrichir le sol- et débardé à cheval.
Cet après-midi passé en forêt, outre l’agrément toujours renouvelé d’être au milieu des arbres, nous a permis de mieux comprendre la complexité de l’écosystème forestier et de mesurer l’importance d’en tenir compte dans le type de gestion appliqué.
Le principal objectif de ce projet grand public est de collecter des dons pour financer un fonds de soutien à des projets de régénération et de restauration forestièreet bocagère en gestion durable.
L’association France Nature Environnement est chargée de récolter les dons, ainsi que de mettre en place le processus de sélection et de suivi des projets financés.
Le GIP Ecofor et le RMT Aforce vous invitent à participer au séminaire de restitution de l’expertise collective CRREF, qui aura lieu le mardi 22 novembre 2022 de 9h à 17h,à la salle Gambetta du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, 78 rue de Varenne, Paris VIIe. L’évènement sera également accessible en visioconférence.
L’expertise, organisée en thématiques, couvre tant les domaines des sciences de l’environnement que ceux des sciences humaines, économiques et sociales.
Ouvert à tous, le séminaire prévoit le matin une présentation des principaux résultats de l’expertise, complétée l’après-midi par deux temps d’échange.
N’hésitez pas à faire suivre cette invitation aux personnes que vous jugeriez intéressées.