Brûler des granulés de bois n’a rien d’écologique
Dans la série des brèves de Danielle
Jake Dean — Traduit par Bérengère Viennot 10 février 2022
(l’article est centré sur les Etats-Unis, mais concerne largement l’Europe)
http://www.slate.fr/story/222620/bruler-granules-bois-rien-ecologique-biomasse-pas-neutre-carbone-bioenergie-renouvelable-polemique-gaz-effet-serre
« La biomasse issue du bois représente plus de la moitié des sources d’énergie renouvelable de l’Union européenne. Et une grande partie de ce bois provient du sud-est des États-Unis. »
‘Les recherches montrent que la compensation de la dette carbone de la combustion de biomasse issue du bois nécessite des dizaines d’années de repousse (…), et que reboiser des forêts de feuillus avec des pins à la croissance rapide pour en faire de la biomasse diminue la densité carbone des zones boisées »
« le gouvernement de Caroline du Nord lui-même a admis en 2019 que la biomasse issue du bois «ne faisait pas progresser l’économie de l’énergie propre en Caroline du Nord». »
« les émissions dues à la combustion de ce bois ne sont pas comptabilisées au débit du pays qui le fait. (…) cela crée une incitation perverse à simplement brûler le bois venu d’autres pays et à compter le charbon ainsi remplacé comme une réduction du gaz à effet de serre.
C’est cette défaillance comptable qui a permis aux pays européens de brûler des arbres américains tout en prétendant avancer vers une énergie propre. «
« Grand View Research estime que la biomasse mondiale vaut des dizaines de milliards de dollars et devrait connaître une croissance d’environ 6% par an jusqu’en 2028. Les pays européens subventionnent le secteur à hauteur de plusieurs milliards de dollars. »
À Chantilly, des citoyens aident les scientifiques à « sauver la forêt »
Dans la série des brèves de Danielle
Par Maïwenn Lamy et Mathieu Génon (photographies) 13 juillet 2022
https://reporterre.net/A-Chantilly-des-citoyens-aident-les-scientifiques-a-sauver-la-foret
« Jusque fin juillet, un collectif de 300 bénévoles accompagnés de chercheurs se mobilise pour cartographier la forêt de Chantilly. » (6300ha)
« C’est en 2019 que les équipes de l’Office national des forêts (ONF), qui gèrent la forêt, mesurent l’ampleur du problème. 40 % du domaine et 47 000 arbres sont touchés par le dépérissement, réalisent-ils. Dans la forêt, la température moyenne a déjà augmenté de 1,5 °C depuis 1990. »
» Les gardiens de la forêt de Chantilly souhaitent accompagner la migration naturelle d’essences plus adaptées au climat de demain, chose qui prendrait des milliers d’années à la nature. »
« Le plus important sera d’introduire davantage de métissage dans la forêt de Chantilly afin de la rendre plus résistante. »
Ces panneaux solaires qui rasent la forêt
Dans la série des brèves de Danielle
« Reporterre a identifié 82 projets et 3 400 hectares de forêts menacés. »
» Si l’on n’y prend garde, le projet de « loi d’exception » pour accélérer le déploiement des énergies renouvelables qu’Emmanuel Macron prépare pour cet été risque de se faire au dépens des enjeux tout aussi urgents de préservation de la biodiversité. »
A quoi sont liés les dépérissements forestiers ?
Dans la série des brèves de Sophie
Lors des fortes chaleurs associées à des situations de sécheresse, les arbres peinent à maintenir un flux de sève suffisant entre les racines et les feuilles pour permettre aux feuilles de transpirer de manière continue. Des bulles d’air s’introduisent alors dans le circuit hydraulique de l’arbre. Si ces bulles sont trop nombreuses, elles peuvent se révéler létales. C’est ce qu’on appelle l’embolie gazeuse, responsable chaque été de dépérissements forestiers spectaculaires.
Depuis 40 ans, l’étude de ce phénomène a permis de mieux comprendre son fonctionnement et de découvrir qu’il pouvait aussi frapper les arbres en hiver…
Une nouvelle vision du bois mort
Il est rare aujourd’hui de se promener dans une forêt contenant du bois mort en quantité. C’est que le bois mort, on peut le revendre. De plus, il empêche le passage des machines et des personnes. Enfin, il augmente les risques de chute de branches, d’incendie ou de prolifération de parasites… Pourtant, les études récentes menées dans différentes parties du monde sur la question du bois mort remettent fortement en cause ces postulats. Et si le bois mort était en fait un élément essentiel du fonctionnement de la forêt ?
Le lien : Le bois mort n’est pas un déchet, pourquoi l’enlever nuit à la forêt
La forêt tropicale serait capable de se régénérer en 10 à 20 ans
Ces dernières décennies nous ont habitués à des images déprimantes de forêts tropicales détruites pour laisser la place à des cultures comme le soja ou le palmier à huile. Tout n’est pourtant pas perdu pour les forêts tropicales du monde. A condition que les sols ne soient pas trop surexploités et qu’il reste des poches intactes de forêt dans les environs, les parcelles dégradées montrent même une extraordinaire capacité de régénération naturelle.
Des données inédites sur la capacité des forêts tropicales à se régénérer rapidement
Les forêts françaises pillées par les acheteurs étrangers ?
Suite à un moratoire chinois sur les coupes afin de préserver les forêts du pays, les acheteurs chinois, mais aussi américains, se tournent massivement vers les grumes françaises, plongeant toute la filière bois de France dans une crise de très grande ampleur.
Tel est le constat dressé dans l’article que vous trouverez ici.
Vous avez dit martelage ?
Le 14 décembre, des membres du Groupement se sont retrouvés sur des parcelles du Chat Sauvage avec deux experts forestiers et deux charpentiers. But de la journée : repérer puis marquer avec un marteau forestier les arbres destinés à être prélevés. C’est ce qu’on appelle « le martelage ». Cet article rédigé par Danielle Bergeron décrit cette journée particulière pour le Chat Sauvage.
Le mardi 14 décembre a ouvert un nouveau chapitre pour le Chat sauvage : le prélèvement de bois dans les forêts acquises par notre groupement.
Même si – et nous insisterons toujours sur ce point – cette activité est appelée à rester marginale au regard de nos objectifs essentiels de préservation des écosystèmes forestiers, elle n’est pas à prendre à la légère.
Et la belle journée passée sur plusieurs parcelles en compagnie de deux membres du cabinet de Tristan Susse – l’expert forestier qui a établi nos premiers Plans Simples de Gestion, empêché ce jour-là par la maladie -, Christophe Duchêne et Jérôme Monot, nous a bien convaincu de la complexité de la chose. Surtout si l’on veut éviter de trop bousculer la nature.
Il s’agissait donc de procéder au « martelage » des arbres susceptibles de nous intéresser à titres divers, c’est-à-dire, après avoir repéré ces arbres, de les marquer individuellement à l’aide notamment d’un marteau forestier.
Celui-ci ressemble à une hachette dont le côté opposé porte une marque gravée. A l’aide de cet outil, le forestier enlève de part et d’autre de l’arbre ainsi qu’à sa base des morceaux d’écorce laissant apparaître le bois clair puis, d’un coup sec, y imprime sa marque – ici des initiales -. Afin de rendre le marquage plus visible, un peu de peinture est ensuite pulvérisée sur les entailles. Ceci pour les arbres destinés à être coupés pour fournir du bois d’œuvre.
Les forestiers avaient apporté avec eux du matériel supplémentaire qu’ils ont distribué aux personnes présentes. L’autre outil fondamental utilisé ce jour-là était le compas forestier qui permet de mesurer le diamètre de l’arbre, avec des classes de diamètre allant de 5 en 5 (40, 45, 50 cm…). Pour ce qui est de la hauteur – celle de la partie « utile » de l’arbre -, elle était évaluée à l’œil nu. Les chiffres correspondant à chaque arbre sont soigneusement notés par l’expert.
La première parcelle visitée a été celle située sur la rive ouest du Lac de Chaumeçon, une des plus belles que nous possédions, de près de 4ha. Peuplée de hêtre, chênes, charmes, dont un certain nombre de taille respectable. Il s’agissait avant tout de procéder à une « éclaircie », c’est-à-dire à une coupe sélective d’arbres utilisables dont le retrait permettrait de favoriser la croissance d’autres arbres – ou « tiges » – dits d’avenir. Ou, dans d’autres cas, de privilégier une essence particulière.
Il y avait parmi nous deux jeunes charpentiers de Brassy qui, quand le bois sera commercialisé, comme nous le souhaitons, en circuit court, se proposent d’en acheter et de venir l’équarrir sur place à la hache, pratique très bénéfique pour la préservation de la forêt. Parmi les associés du groupement, il y avait aussi deux professionnels de la forêt et du bois dont les avis et les conseils venaient compléter ceux des deux techniciens.
Pendant l’essentiel de la matinée, nous avons donc parcouru méthodiquement toute la parcelle à la suite des deux forestiers qui, avec patience et précision, nous expliquaient les divers éléments à prendre en compte. Notamment la lumière. Les houppiers – partie ramifiée des arbres – ne doivent pas se faire concurrence. Mais si l’on dégarnit trop les alentours de l’arbre choisi, le terrain sera envahi de ronces ou autres végétaux.
Il faut donc d’abord apprendre à voir. Et on circule beaucoup le nez en l’air, chaque arbre donnant lieu à des conciliabules qu’il n’est pas toujours aisé de trancher.
Certains arbres sont de belle taille mais présentent tant de difformités ou sont si mal en point qu’on n’envisage pas de les couper (sauf pour des questions de sécurité). On sait maintenant toute l’importance de ces arbres, ainsi que celle du bois mort, pour favoriser la biodiversité dans une forêt. Ils sont donc marqués à la peinture rouge, tantôt par un triangle, tantôt par un E -pour Écologique- et sont appelés à finir leur vie, tranquillement, avec leurs habitants.
En lisière de cette parcelle, certains taillis ont aussi été identifiés comme pouvant être coupés en bois de chauffage et entourés d’un trait de peinture. Mais ce n’était pas l’objectif du jour.
Avant le déjeuner, direction l’autre rive du lac, vers Vaussegrois, pour accéder à une parcelle très différente, car plantée de résineux, épicéas et douglas.
De prime abord l’aspect des épicéas était tout à fait satisfaisant. Intacts, ils n’étaient pas attaqués par le scolyte, cet insecte minuscule qui décime des massifs entiers. Mais il a vite fallu déchanter : passées les premières rangées, on avait bien à faire à des arbres infectés, certains dépérissant. Le conseil de l’expert : couper et débarrasser les arbres scolytés, en allant un peu au-delà de leur zone. Si cela est fait rapidement, la contagion est réduite et le bois reste utilisable.
Quant aux douglas, pas de problème particulier. Il s’agit, là aussi, simplement d’éclaircir le peuplement.
Toute cette journée, nous avons eu la chance exceptionnelle de voir briller le soleil, alors que nous étions arrivés, pour 8h, dans le brouillard et pour certains, en affrontant le verglas. Cela rendait la tâche, bien sûr, beaucoup plus facile et agréable.
Après avoir déjeuné dans un restaurant de Brassy, nous avons passé l’après-midi toujours sur des parcelles de cette même commune, plus proches du bourg. Et non loin de l’étang du Vernois. Une partie est au bord de l’eau. Une autre est interrompue par une coupe rase – chez un autre propriétaire -, qui peine à se régénérer.
Là aussi, mélange d’essences, notamment de feuillus et pas mal de beaux arbres. Le travail s’est poursuivi, comme le matin, avec quelques personnes en moins, en deux groupes se rejoignant régulièrement : observer, discuter, marteler, mesurer, enduire de peinture… Jusqu’à ce que la nuit commence à tomber.
Une belle et riche journée, vraiment ! Qui rend très humble sur tous les plans.
La vie de la forêt est si complexe et les interventions humaines peuvent y bouleverser tant d’équilibres, qu’hormis si on ne considère, comme beaucoup, hélas, que la rentabilité financière, on ne peut que mesurer à quel point il faut enrichir nos connaissances et agir avec précaution.
Même s’il ne s’agit pas de se mettre martel en tête !
Aux forêts, pour la vie !
Aux forêts, pour la vie !
Danielle Bergeron nous propose un article qui illustre l’engagement des défenseurs de la forêt dont fait partie notre groupement. Il nous informe de l’actualité avec ses désastres mais aussi avec ses actions ainsi que des luttes et réussites historiques. On y apprend à mieux connaître le Morvan et les solutions pour en faire une terre toujours accueillante et agréable à vivre.
Merci Danielle !
C’est début août qu’a été lancé l‘Appel pour des Forêts vivantes signé par plusieurs dizaines d’organisations collectives dont Le Chat Sauvage.
Il s’agit de mobiliser les énergies au niveau national pour dénoncer les ravages causés par la conception extractiviste de la gestion des forêts et l’industrialisation de la sylviculture, ainsi que de faire pression sur les autorités afin d’inverser la tendance, en montrant qu’il existe des alternatives viables. Les actions actuellement prévues s’étendront sur une année en quatre étapes -une par saison-.
La première a eu lieu les 16 et 17 octobre, où des manifestations très diverses se sont déroulées dans tout le pays.
Dans le Morvan, des initiatives variées ont réuni tout le week-end les défenseurs des forêts vivantes à l’appel de différents groupements (dont le nôtre), collectifs et associations : visites en forêt, randonnée sur des sites dévastés, conférences, débats…
L’association Adret Morvan, créée en 2012 pour s’opposer à un projet de scierie/incinérateur géant dans notre région, et le collectif SOS FORÊT Bourgogne, qui existe depuis 2019 et dont fait partie Le Chat sauvage, ont appelé leurs membres et tous les habitants à venir planter, le samedi matin 16 octobre, des feuillus sur une coupe rase d’épicéas attaqués par le scolyte*, que le propriétaire prévoit de remplacer par du douglas (ou pin d’Orégon), encore une fois en monoculture.
Cette parcelle symbolise la dévastation engendrée par la monoculture de résineux qui n’a cessé et qui continue de s’étendre dans le Morvan depuis des décennies, aux dépens des forêts mélangées de feuillus autochtones. Ceci parce que « c’est l’industrie qui le demande ».
Les 25 hectares mis à nu se trouvent de plus sur le site d’un ancien oppidum celte, le Vieux Dun, commune de Dun-les-Places, dans la Nièvre. On peut y voir, surmontée d’une statue, la fontaine Saint-Marc -dotée d’un bassin gallo-romain- qui était, du Moyen-âge aux années 1950, un lieu de pèlerinage important, en pleine forêt. Au bas de la pente coule la rivière, la Cure. (voir sur notre site, rubrique Articles récents « Coupe rase du Vieux Dun »).
Deux lieux de rendez-vous successifs avaient été prévus afin d’organiser un co-voiturage vers l’endroit cible qui n’avait pas été annoncé à l’avance. Et les participants qui le pouvaient avaient apporté de tous jeunes arbres feuillus et des outils pour les planter.
Au deuxième point de ralliement, quatre gendarmes attendaient. Ils ont accompagné et surveillé l’action tout au long de façon, il faut le dire, plutôt débonnaire mais en prenant des photos -ou des films-. Il est vrai que, même positive et pacifique, il s’agissait d’une action de désobéissance civile,. Environ 90 personnes y ont participé.
Le Vieux Dun est au coeur du Parc naturel du Morvan, à près de 500m d’altitude et les « montagnettes » alentour sont presque intégralement peuplées d’arbres. Tantôt ce sont des feuillus qui moutonnent, avec leurs couleurs de début d’automne, tantôt des conifères qui hérissent les sommets.
Lorsqu’on quitte la route, un chemin d’apparence normale commence à grimper. Mais très vite, ce chemin se ravine, les ornières sont de plus en plus profondes, l’aspect de plus en plus désordonné. Quand on sait qu’il faut un siècle ou plus pour régénérer 1cm de sol forestier et qu’on se trouve aussi sur un lieu largement fréquenté par les randonneurs et visiteurs intéressés par l’histoire… Au bord du chemin, un panneau maculé de boue présente la fontaine Saint-Marc. Dessous, un autre panneau indique que des travaux forestiers en interdisent l’accès. Les cadres réservés aux noms et adresses des entreprises responsables du chantier et réalisant les travaux y sont restés vides.
Bientôt, quand s’ouvre le panorama, le regard embrasse un spectacle de désolation. Sur quel planète est-on tombé ? La terre de la vaste pente, presque entièrement mise à nue, est desséchée. Quelques lambeaux d’herbe verte survivent difficilement. Des souches grises émergent par ci-par là, desséchées elles aussi, avec autour d’elle les rémanents, branchages laissés sur place et destinés à être empilées en andains (lignes d’1 mètre ou plus de hauteur entre lesquelles on replante).
Vite, au travail ! sous l’œil vigilant des gendarmes alignés en travers du chemin.
Il y a des gens de tous âges, enfants et adultes. On s’organise pour planter, seul(e), à deux, en petit groupe. Chacun sa tâche, en alternance. Quelle chance ! Le soleil est resplendissant, après les brumes du lever du jour. Au milieu de ce paysage quasi lunaire, l’humeur est joyeuse, avec le bon goût de l’effort utile et partagé.
Chaque petit arbre est doté d’un tuteur qui permet aussi de le repérer. Certaines(e)s, pour arroser les plants, font des allées et venues jusqu’à la fontaine ancestrale au-dessus de laquelle Saint-Marc, imperturbable, contemple le paysage. Les enfants, très actifs, se sont regroupés en cercle pour planter.
Au total, plus de 500 petits arbres ont été plantés ce matin-là : chênes, hêtres, charmes, châtaigniers, érables, merisiers… Il est hélas bien peu probable qu’ils survivent, même si des conseils ont été donnés à ceux qui voudraient bien revenir sur le site pour s’en occuper : arroser, pailler le sol autour pour garder l’humidité, y mettre de la laine de mouton pour éloigner les chevreuils. De toute façon, ils risquent bien d’être broyés par les engins qui vont poursuivre l’exploitation.
Une courte vidéo est visible sur le site d’Adret Morvan accompagnée sur Youtube de plusieurs autres.
En fin de matinée, après les plantations, une vétérante de la défense des forêts, Valérie Bernardat, est venue au nom de l’association La Bresseille, alerter sur les dangers qui menacent une forêt historique de 200ha au sud du Morvan, celle du Mont Touleur, à Larochemillay, rachetée par des spécialistes du résineux, en particulier une société danoise qui prévoit pour commencer 10 ha de coupe rase. Une mobilisation est prévue sur place le 6 novembre. (Voir page d’accueil de notre site).
Une action comme celle de ce 16 octobre n’est bien sûr que symbolique et destinée à attirer l’attention de tous sur les enjeux de la gestion des forêts.
Veut-on comme en agriculture pousser jusqu’à l’absurde le productivisme, cette vision à court terme et destructrice, encore plus mortifère quand elle s’oppose au temps long qui est celui des arbres ?
On ne cesse et ne cessera de le répéter: la forêt n’est pas une usine à bois. Une plantation d’arbres d’une seule essence, tous du même âge, n’est pas une forêt. Couper des arbres de plus en plus jeunes est un non-sens sur tous les plans.
Ce ne sont pas les seulement les arbres qui pâtissent de l’exploitation forcenée, mais aussi les sols, les eaux, l’air, et tous les organismes vivants qui vivent dans les forêts
Cette façon de produire saccage les paysages, aggrave les effets des changements climatiques, favorise les maladies. Sur le plan humain, elle détruit des emplois, dévalorise les métiers du bois et leurs savoir-faire.
Il est toutefois prouvé depuis longtemps que d’autres méthodes de gestion, plus respectueuses de l’évolution naturelle des forêts, permettent leur durabilité et leur maintien en bonne santé, sans empêcher la rentabilité financière. Qui ne peut, bien sûr, être immédiate.
Nous n’aurons de cesse que de le démontrer.
*Le scolyte est un minuscule insecte ravageur qui pond sous l’écorce des arbres et les détruit rapidement en se nourrissant de leur sève. Sa prolifération est accélérée par le réchauffement du climat et la sécheresse , notamment dans les monocultures de résineux.
A l’automne 2020, le volume de bois scolyté en Grand-Est et Bourgogne-Franche-Comté depuis le début de l’épidémie, deux ans plus tôt, était estimé à environ 10 millions de m3, correspondant à quelque 30 000ha.
Le bois atteint reste utilisable, y compris dans la construction -ce qui permet de continuer à stocker le carbone- à condition d’être retiré et transformé très rapidement. Mais il est le plus souvent trituré.