Premières coupes dans les parcelles du Chat Sauvage

Anouk, sociétaire du Chat Sauvage et auteure de livres sur la forêt et les métiers de la forêt, nous fait le plaisir de partager une étape importante dans la vie de notre groupement. Découvrez l’expérience vécue et de belles images de Jean-Luc  Luyssen qui viendront conclure la narration.

 » Dans les grandes lignes ça se passe très bien, mais on a eu quelques déconvenues sur la première parcelle  » – c’est ce que nous dit Frédéric quand on arrive, samedi 27 janvier 2024.
A6 bloquée, panneaux de villages retournés tout au long de la départementale, rien qui n’effraie le Berlingo blanc de Polska, coup de clochette à chaque redémarrage. Un grand soleil et un chaleureux accueil nous attendent à Brassy.
« On », c’est trois générations de femmes aux noms polonais, un pied artiste à Paris, un pied forestier dans le Morvan. Venues quelques jours à l’occasion du chantier de bûcheronnage pour mieux connaître nos parcelles, mieux comprendre ce qu’on y fabrique, rêver à ce qu’on pourra y faire ou ne pas y faire dans le futur.

Travail en cours

Rapidement Frédéric nous emmène au chantier à la Come-au-blanc, Unité de gestion n°2 (UG2) dans le Plan Simple de Gestion (PSG), parcelle de type 1, c’est-à-dire une futaie feuillue, chênaie-hêtraie acide, coupe prévue pour 2023. On est presque à l’heure. Dans le PSG, ça se présente comme ça : « Ce peuplement sera conduit en futaie irrégulière. Le premier passage devra sélectionner les tiges d’avenir de chêne et hêtre, par élimination des brins concurrents ou co-dominants. Le chêne sera préférentiellement conservé au détriment du hêtre dont la croissance est plus forte. Une part d’essences diverses devra être conservée afin de maintenir la diversité de l’écosystème. Ces conditions de prélèvement laisseront un peuplement toujours dominé par les bois moyens et gros bois mais les trouées générées devraient favoriser le développement de la régénération naturelle. (…) La rotation des coupes sera fixée à 12 ans avec un prélèvement inférieur à 20 % du volume bois d’oeuvre. »
Le véhicule des bûcherons de Loire-Atlantique est en bas du bois, qui est d’abord celui du voisin. On suit les traces des chevaux sur le chemin boueux, il a plu dans la semaine, pas toujours marrant. Au bout de quelques minutes on tombe sur des belles grumes marquées CB à la bombe fluo, CB comme Carte Bancaire ? Non, pas le genre de la
maison, mais Coopérative Bocagère. On entend les tronçonneuses au loin, les gars sont dans les parages, et nous on se dit tiens, on est chez nous. On rencontre d’abord Christophe le débusqueur, avec ses deux chevaux de trait Pompon et Frégate : un Ardennais de quatorze ans au crin sombre, et une Comtoise de 8 ans à la crinière blonde. Il paraît que Pompon est plan-plan, autrement dit flegmatique mais stable, tandis que la jument est fougueuse et moins constante. Christophe les guide tout doucement, il leur parle en français (à gauche, à droite) et en onomatopées de type oyo ou ayaya pour dire stop ou on y va. La démonstration est bluffante : un coup de collier synchronisé et le bois glisse sur le sol, accroché à une chaîne. Si la grume est plus conséquente, il y a le trinqueballe : un petit char à deux roues sur lequel l’on arrime. Et si ça ne suffit pas, le débusqueur met en place un système de mouflage avec cordes et poulies, qui, fixées à l’aide de sangles autour de solides troncs de hêtres, démultiplient la force de traction des chevaux. Ancestralement futé.
On retrouve les trois autres bûcherons en contrebas, Camille, Sam et Nolig, autour d’un hêtre couché de 40 cm de diamètre – ah c’est vous les actionnaires ! Ils nous racontent les petites déceptions du début de semaine, environ 80% de bois roulés dans la parcelle du bas, celle de Chaumeras. Ça pourra partir en planches ici mais pas en charpente chez eux, à Notre Dame-des-Landes. La roulure, c’est une fente tangentielle dans le duramen, autrement dit des cernes qui se décollent dans le bois de coeur, ce qui diminue ses propriétés mécaniques, et donc sa valeur économique. On ne sait jamais vraiment à quoi elle est due : ça peut être génétique, ça peut aussi venir de l’acidité du sol qui créerait une carence en calcium. Dans le cas d’un taillis qu’on convertit en futaie, une éclaircie tardive peut provoquer ce type de décollement, à cause d’une entrée de lumière trop vive, accélérant la croissance trop violemment. Mais ça, ça n’est pas visible depuis l’extérieur, alors on devra bien s’accommoder de s’être fait rouler par la forêt, qui ne laisse pas vendre ses fûts si facilement.
Le lendemain on va se promener dans le bois en question, celui de Chaumeras, qui donne sur le lac de Chaumeçon. UG1 sur notre PSG, coupe prévue pour 2022. Presque à l’heure. Grand soleil encore. On observe de nos propres yeux les roulures sur les grumes au sol : dommage. D’autres se présentent mieux, taguées CB sur la tranche. On repère un arbre marqué mais laissé sur pied, parce qu’on y a observé un trou de pic entre temps. Le martelage a été fait il y a deux ans, il était devenu peu visible, alors on a repassé des coups de fluo plus récemment, en vue de la coupe. Ça nous a laissé un droit de regard supplémentaire, et quelques oublis. Nos forestiers de la ZAD ont l’habitude de se laisser ce choix du dernier moment, abattre ou ne pas abattre, ne pas devenir des machines. Ça ralentit un peu le processus, ça le rend aussi plus intéressant. Être bûcheronne, c’est faire marcher à la fois ses bras, sa tronçonneuse, et sa tête.

Un samedi soir au Carrouège : focus sur la Coopérative Bocagère

Tout cela, ils nous l’expliquent posément le samedi soir au Carrouège, carrefour en patois local, où nous attendent les membres d’Adret Morvan et quelques habitué·e·s. Parmi les acquis à Notre Dame-des-Landes, il y a eu la reconnaissance du Plan simple de gestion de la forêt de Rohanne, racheté par le Conseil départemental, officiellement propriétaire du lieu. L’ONF a reformulé quelques phrases avant d’y apposer sa signature, mais c’est bien le collectif Abrakadabois qui l’a conçu, pendant les années d’occupation2. La gestion tripartite actuelle n’est pas sans embûche : dès la première phase, le martelage, des désaccords se sont manifestés autour de l’épineuse question de la bombe ou du marteau. Les bûcherons étaient contre le marteau, qui en écorçant le tronc, l’abîme, et annule la possibilité de rétractation. De plus, le seau de l’ONF incarne un pouvoir étatique que les forestiers du bocage ont du mal à voir se dessiner sur les arbres qui ont abrité leurs années de lutte. C’est donc avant tout un affrontement symbolique qui se joue ici, entre deux entités collectives aux principes structurels opposés. D’ailleurs, dans de nombreuses autres régions, les agent·e·s de l’ONF préfèrent utiliser la bombe de peinture, dont l’application est bien moins fatigante que le coup de marteau. Peut-être trouveront-ils et elles un point d’accord avec le rol’ink et sa peinture nontoxique1 ? Pour l’instant, nous disent les bûcherons, c’est à eux que sont confiés les chantiers du Bois de Rohanne. Ce pouvoir qu’ils ont acquis se loge dans leur intransigeance-même : à tout moment, ça peut péter. Or, l’État n’y aurait aucun intérêt : sa mission est de montrer à tout le monde que la situation est normalisée, qu’il ne se passe plus rien à Notre Dame-des-Landes. Pour autant, la Compagnie Bocagère n’a aucune garantie pour l’avenir. Ils se contentent de faire des offres qu’ils ne pourront pas refuser, avec le sourire. Techniquement, ils forment une SCIC – prononcer skik –, une société coopérative d’intérêt collectif. Elle regroupe différents corps de métiers et des adhérents non producteurs, comme le ferait une association. Une compta commune mais aussi des comptas séparées. Une partie des productions part à la vente et les revenus paient le matériel, l’autre partie est dédiée à l’auto-consommation. Au bout de cinq ans, les bûcherons ne se paient pas, mais c’est doucement en train de changer. Ce qu’ils défendent et continueront à défendre, c’est le droit d’usage. L’ACCA (Association Communale de Chasse Agréée), par exemple, était là avant eux. Alors les chasseurs chassent. Ça ne les empêche pas de discuter ensemble, de chercher des accords. Rien n’est jamais figé dans les gestions collectives. Un jour, nous raconte l’un des bûcherons, il y a même eu une ZAD dans la ZAD, car une partie des occupant·e·s refusaient de couper des arbres. Cela rejoint les préoccupations de membres de notre propre groupement, pour qui le fait d’ôter la vie à des êtres végétaux ne va pas de soi. Celles et ceux pour qui le coup de tronçonneuse restera toujours trop rapide, trop brutal. Ce sont des sensibilités qui se confrontent. Et en se confrontant, font aussi front ensemble. Pour le respect des forêts, de ses cimes et de ses sols, de ses eaux et de ses animaux. Parmi ces derniers, nous-mêmes, qui utilisons le bois. Qui, avec l’argent des arbres abattus avec soin, pourrons maintenir l’activité du groupement, pour épargner des parcelles d’un enrésinement mortifère. Nous réunir autour des bois, dans les bois. À la question de l’animisme, les gars du bocage rigolent. Les anthropologues et sociologues, bientôt plus nombreux·ses qu’eux, plaquent parfois leurs fantasmes. Eux, les bûcherons, font simplement les choses consciemment. Toujours l’hiver, hors-sève et en lune descendante, comme le faisaient les anciens. Adossés à l’arbre, les mains en prière, de haut en bas, visualisant le parcours de la chute. Ajustant la direction selon le poids supposé des branches et les obstacles. Rien d’ésotérique, c’est un rituel technique.
Une concentration. Une manière d’être arbre peut-être, mais un arbre qui choit. En toute humilité.


Fin de chantier

Les jours suivants, le trinqueballe se renverse souvent à la Comme-au-blanc. Les zones pentues donnent du fil à retordre à l’équipage. Irène, maraîchère rencontrée au Carrouège, vient prêter main forte. À force de patience, les grumes sont remontées sur le chemin. Une à une, ne laissant quasiment aucune trace derrière elles, si ce n’est quelques crottins qui viendront enrichir le sol. Pendant ce temps-là, les trois bûcherons terminent leurs coupes.
Les journées sont ponctuées de repas partagés – merci à Maty pour son excellent yassa, et aux poulets sacrifiés de Loire-Atlantique –, de conversations et de rires, de morceaux d’accordéon en italien qui ont traversé l’Europe de l’Est, de visages au soleil et manches retroussées.
On poursuit nos visites de parcelles, aussi. La hêtraie à houx en pente légère d’Ouroux, avec ses quelques chênes et ses sources, à la tombée de la nuit. L’ancienne coupe rase de Huis Guyollot, sur le bord de la voie romaine vers chez Ariel, où repoussent en masse les bouleaux, éternels pionniers. Germent des idées de cabanes, de spectacles. De longues marches solitaires, de nuits dans les bois. Nos forêts sont multifonctionnelles, on ne l’oublie pas.

Bilan

Côté chiffres, ça donne ça : environ 50 m³ de chênes et 60 m³ hêtres (40 m³ à Chaumeras, principalement du chêne, et 70 m³ à la Comme-au-blanc), représentant en tout un volume de 110 m³ de bois d’oeuvre, et autant en bois de chauffage. Dix jours passés sur place et un peu plus de 1000 km parcourus par les bûcherons, puis par le grumier qui viendra chercher le tiers de la récolte, chêne exclusivement. C’était le parti pris d’un travail bien fait et de rencontres enrichissantes, mais aussi d’une opération financièrement non-rentable. Le Conseil Régional Bourgogne Franche Comté nous allouant une subvention de 3800€ pour compenser le surcoût généré par une pratique vertueuse et respectueuse des sols, nous sommes proches de l’équilibre. Mais il est précaire. Nous aimerions, à l’avenir, pouvoir allier qualité du travail et des bois, et viabilité financière. Nous avons encore du chemin à faire dans la structuration de notre filière bois locale, et notamment des débouchés à trouver pour le hêtre : le chantier est lancé. Pour l’heure, une petite partie seulement sera traitée en local. Mais le vrai bilan revient aux travailleurs, que nous remercions encore :
« En plus de la valeur intrinsèque certaine d’une collaboration entre deux entités issues de luttes victorieuses contre des grands projets inutiles, nous, l’équipe de la filière bois de la Coopérative Bocagère, avons tous été très heureux de travailler dans les forêts du Chat sauvage.
Travail intéressant, beau cadre, beaux arbres, belles rencontres et découverte du Morvan pour la plupart d’entre nous. Nous avons travaillé avec tout le soin que nous sommes capables de prendre et nous espérons que l’ensemble des membres du chat sauvage, des professionnels qui gravitent autour ainsi que les locaux sauront le voir. Nous allons ramener environ 33m³ de votre bois chez nous et nous serons ravis de raconter son histoire aux personnes qui feront leur charpente avec. Il est probable que nous destinions un beau morceau a être mis en valeur sur l’une de nos infrastructures à Notre-Dame-des-Landes avec une dédicace au chat sauvage dessus.
Au plaisir de revenir travailler dans le Morvan,

L’équipe des bûcherons et débusqueurs de la Coopérative Bocagère. »


Pour aller plus loin :
1 Le rol’ink non-toxique pour le marquage des arbres : https://france3-
regions.francetvinfo.fr/grand-est/vosges/epinal/video-sa-peinture-non-toxique-permetaux-
agents-de-l-onf-de-marquer-les-arbres-sans-danger-2859905.html
2 Reportage dessiné d’Hélène Copin, sur un chantier de bûcheronnage à la ZAD en
2020 : https://copindesbois.fr/alternatives-forestieres/zad/


Toutes les photographies présentées dans cet article sont de Jean-Luc Luyssen que nous remercions

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Clothilde Gosset, sociétaire et artiste !

Membre du groupement forestier depuis 2017 pour redonner à la Terre ce qu’elle nous a offert, Clothilde Gosset (1983, France) est une artiste pluridisciplinaire travaillant principalement le bois. Sa pratique et sa recherche artistique empruntent au vivant la figuration végétale, minérale ou océane comme retranscription métaphorique des questionnements sémiologiques et philosophiques de ce qui relie au monde.

Découvrez son portfolio !

Programme du week-end de l’AG (17-18 juin 2023)

En continu sur les deux jours, à la Maison du Parc

  • exposition de peintures autour de la forêt
  • présentation d’une collection d’oiseaux de la forêt (naturalisés)

SAMEDI 17 JUIN

9h45    Atelier reconnaissance des arbres, des oiseaux

Animé par Christian MARTIN
Rendez-vous à la Maison du Parc sur le parking visiteurs pour un départ à 10h précises
Marche de deux heures, sans difficulté majeure, mais de plusieurs kilomètres, sur chemins.

12h30 Repas tiré du sac ou au Bistrot du Parc

(Réservation Bistrot du Parc : 03 86 76 03 25)

Tout au long de l’après-midi, en parallèle

  • Atelier de grimpe d’arbres pour adultes et enfants
  • Atelier confection de masques et de parures en végétaux,
    avec Paola accompagnée de quelques bénévoles (N’hésitez pas à vous proposer)

14h30 Conférence à l’auditorium

le thème et l’intervenant(e) seront précisés ultérieurement

16h30 Intermède musical : improvisation dansée

par Karen et Collin (danse et contrebasse)

17h      Circuit botanique du Parc

Animation par Laurent                     

ou Visite de parcelles du Chat sauvage

Animation par Frédéric, Nicolas et/ou Christian

DIMANCHE 18 JUIN

8h30     Accueil des participants à l’auditorium de la Maison du Parc

9h – 12h30  ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

Pendant l’AG, animation pour enfants : confection de masques (Paola)/ grimpe d’arbres

12h30   Déjeuner tiré du sac ou au Bistrot du Parc

(Réservation conseillée pour le Bistrot du Parc 03 86 76 03 25)

14h       Visite de parcelles du Chat Sauvage

Animation par Frédéric, Nicolas et/ou Christian

17h      Fin des activités

INFORMATIONS PRATIQUES

Adresse de la Maison du Parc

Les petites Fourches
530, route de Saulieu
58230 Saint Brisson

Covoiturage organisé
sur Covoitribu

Contact : Marie THIERY 06 28 28 77 94

Aller le samedi : https://www.covoitribu.fr/poll/46860_XD0jL8pu0B6JsW
Retour samedi soir : https://www.covoitribu.fr/poll/46857_U69mCrXBqoVYZc
Aller le dimanche matin : https://www.covoitribu.fr/poll/46858_lzJSNW7q6CasCq
Retour le dimanche soir : https://www.covoitribu.fr/poll/46859_fuPpFZf3Haq59a

Hébergement

Contact : Marie BLARY-SLIMANI 06 23 05 02 18
Courriel : marie-j.blary@laposte.net

Si vous souhaitez proposer un hébergement ou si vous en cherchez un,
vous pouvez contacter Marie pour une mise en relation

Passage du Groupement à la phase terrain

Article proposé par Christian Martin – Expert Forestier au sein du Groupement du Chat Sauvage

Après plusieurs années d’acquisition de parcelles forestières et de mise en place de ses structures, le groupement forestier du Chat Sauvage est passé (lentement) à la phase de terrain. Fort du soutien de centaines de donateurs à travers le monde, de multiples sympathisants réunis en assemblée générale en octobre 2020, d’un enthousiasme et d’une bonne humeur de bon aloi,  plusieurs personnes se sont regroupées pour tenter de mener à bien la mise en valeur des bois Chat Sauvage, toujours dans une vision naturaliste.

Et la tâche s’annonce parfois ardue tant les parcelles ont subi soit l’abandon, soit les coupes sauvages, soit un enrésinement sans lendemain.

Le petit groupe étant plutôt novice dans la connaissance forestière, quelques sorties sur le terrain ont permis de donner des bases en botanique, sylviculture et gestion des coupes.

La visite et la reconnaissance des parcelles est un préalable obligatoire pour bien en situer les limites, l’environnement, l’état des peuplements et leur avenir. La plupart, à part quelques-unes, ont été parcourues par plusieurs membres (voir article sur le marquage des parcelles).

Matériel :

Pour mener à bien cette tâche, l’achat de matériel de base a été décidé : bombes de peinture, un compas forestier pour la mesure des diamètres, appareil GPS pour la géo-situation.

Le groupe peut compter sur un télémètre laser Trupulse 200, un compas forestier, des mètres-ruban de 50 m, relascope de Bitterlich, griffe-rainette, bombes de peinture, Flore Forestière Française, feuilles de cubage, tronçonneuses, coins, tourne-bille, outils divers (Christian Martin).

Plans simple de gestion :

Confiés au cabinet d’expert forestier SUSSE en 2021, ils ont été rendus en retard, en mars 2022. Un martelage avec mesures d’arbres à exploiter a eu lieu entre l’expert et le groupe en décembre 2021

Coupes et travaux :

Toutes les parcelles étant sans entretien depuis longtemps, elles sont toutes plus ou moins urgentes ou importantes en travaux. Les plans simples de gestion nous ont donné un programme.

La parcelle de Chaumeçon (0849) : assez facile d’accès, très intéressante par sa situation et la valeur de ses arbres. Des cloisonnements d’exploitation ont été mis en place puis exploités par des acheteurs de bois de chauffage, membres du Chat Sauvage.

5 chênes, martelés en décembre, ont été vendus à des particuliers qui les ont équarris sur place.

La parcelle de Chaumeçon  plantation résineuse (épicéa et douglas) de 45 ans environ: accès long et assez difficile, jamais éclaircie et scolytée par endroit. Achat, coupe et sortie des bois effectués par un membre du Chat sauvage (Nicolas). Volume : 13,206 m3

La parcelle de Brizon (0972) : accès un peu long, mais intéressante par la valeur de ses arbres. Bois de chauffage vendu à un membre du Chat sauvage (Nicolas)

Les parcelles de Marigny-l’Eglise  (0146-0149) particulièrement intéressantes pour leur diversité et leur richesse, ont été l’objet d’une visite et étude conjointe par le CRPF de Bourgogne et des membres du Chat Sauvage en avril 2022.

Divers :

Depuis février 2022,  les membres du groupe se contactent chaque mois par visioconférence pour partager toutes les informations, prévoir les actions sur place ou se répartir les tâches : sont évoqués, entre autres, urgemment, la recherche d’artisans du bois et acheteurs locaux susceptibles d’être intéressés par la démarche du Chat Sauvage.

– En juin 2022, deux membres du groupe (Frédéric Beaucher et Christian Martin) ont participé à une réunion du Conseil Général de la Nièvre sur les « conséquences du changement climatique sur la forêt ». Ont été présentés les actions du Chat Sauvage (Frédéric Beaucher) et la gestion des forêts en sylviculture naturaliste (Christian Martin). Les réactions et les retours ont été très positifs.

– Le 21 juin 2022 : Participation à la création et la réunion d’un groupe de travail et de valorisation du « Châtaignier, bois et fruit», à Bibracte. Le châtaignier, essence très présente mais sous-estimée avec un fort potentiel dans le Morvan. Deux membres du groupe (Frédéric Beaucher et Christian Martin) ont participé.

– Le 4 juillet 2022 : après un premier contact dans sa scierie en juin, rencontre très sympathique sur nos parcelles forestières avec Tobias Muthesius et Alaïs, concepteurs et fabricants de charpente bois à Chissey-en-Morvan.

Christian Martin – 10 août 2022

Une belle journée de mai de marquage de parcelles

En ce jeudi 26 mai 2022, nous avions rendez-vous devant l’église de Montsauche pour aller marquer les limites de plusieurs parcelles du Chat Sauvage. Après quelques minutes d’attente, je commençais à me demander si j’avais bien compris le rendez-vous. Un grand inconnu me fait signe et surprise c’est Christian Martin qui est venu me chercher pour me mener sur la rue principale où Jean-Pierre Renault que je ne connaissais pas non plus nous attendait.

Tout de suite, nous commençons par les choses sérieuses, avons-nous tout ce qu’il faut pour le casse-croûte ? Pas vraiment de mon côté, heureusement l’épicerie toute proche est ouverte. J’ai vite vu que j’avais affaire à des spécialistes avec non seulement du ravitaillement mais aussi cartes, serpe bien aiguisée, casquette sur la tête, petit couteau, sac à dos et pour Christian le livre de la flore forestière française. Une vraie bible comme je l’ai découvert.

Et nous voilà partis jusqu’au pont de la Cure en bas de Palmaroux près de l’ancien gîte, pour celles et ceux qui connaissent. Je vois tout de suite que nous aurons une très belle journée riche en découvertes ! Moi, plein de questions car je ne connais pas grand-chose. Christian nous décrivant patiemment et dans le détail les plantes dont la première est une espèce invasive qui envahit tout ! Et Jean-Pierre qui, petit à petit, nous conte écrits ou rencontres théâtrales du côté d’Anost et de bien des endroits !

Venons-en aux parcelles, d’abord, il faut les trouver ! La première est au bout d’un chemin qui finit sur une culture de fraises que nous avons évidemment goutées (j’ai appris après que nous étions filmés, heureusement que nous n’avons gouté qu’une fraise !).

Ensuite, heureusement que Christian et Jean-Pierre ont l’œil, qui sur le plan et qui sur le détail qui nous guide, un fossé, un muret, un ancien chemin tout couvert de fougères et de houx.

Nous sommes enfin sur la parcelle ce que confirme le GPS du téléphone mobile quand il veut bien dire où nous sommes. Vivement, le GPS sensible que le groupe a commandé et qui doit arriver !

C’est alors que toute l’expérience forestière de Christian est à l’œuvre avec une description des essences, du hêtre majestueux au houx dont j’ai appris qu’il faisait d’excellents manches d’outils, en passant par le saule marsault (rapidement confondu avec le meursault !) aussi appelé saule des chèvres (salix caprea). Je vous avais bien dit qu’on apprenait beaucoup de choses ! Le terrain est assez humide avec une source sur le haut avec une sorte de lavoir ou abreuvoir très bien caché sous d’épaisses couches végétales et … les pieds qui s’enfoncent dans la vase…

On en oublie vite de marquer les limites du terrain et que nous avons plusieurs parcelles à visiter, tant il y a à voir.

Passons à la prochaine parcelle qui est au-dessus des tourbières de Champgazon. Celle-ci est plus facile à trouver car le long d’un chemin bien marqué et même sur le GR 13.

Cette parcelle est étonnante par sa diversité intrinsèque. Le long du chemin, elle est impénétrable alors on en fait le tour. Sur la bordure haute, grâce aux observations de Jean-Pierre et Christian, j’ai pu comprendre qu’elle a visiblement été éclaircie du fait d’arbres qui se sont couchés depuis une parcelle en vis-à-vis visiblement. Le lieu est propice pour un petit arrêt tellement il est agréable ! Cette fois ci, de nouveaux des saules marsault, on en a vu un de belle taille cassé en son milieu comme cela semble arriver souvent à cet arbre (encore une information apprise ce jour-là merci Christian !). Autant sur la bordure du haut, la parcelle a été éclaircie et agréable pour une pause et une promenade autant le reste de la parcelle est une succession d’essences variées et laissées en libre évolution sans arbre d’aussi belle apparence que sur la parcelle précédente. On y trouve aussi des charmes, des conifères avec quelques douglas mais surtout des épicéas. Le plus frappant concerne ces épicéas très fins et très hauts, assez resserrés. J’ai appris que c’était probablement une zone destinée à la production de sapins de Noël qui n’ont pas trouvé preneur et sont restés sur pied. Nous avons vu plusieurs zones sur diverses parcelles ainsi végétalisées. Cela donne des troncs fins (des « crayons ») dont certains sont brisés à mi-hauteur et d’autres couchés et à moitiés retenus par des feuillus en bordure ou d’autres sapins. On pourrait peut-être en faire des piquets à ce que j’ai compris mais pas bien plus. Enfin plus bas, nous retrouvons quelques jolis hêtres avec leur parterre rougis par leurs feuilles.

Et nous voilà partis vers la dernière parcelle de la journée !

Celle-ci aussi a besoin d’être retrouvée car cachée au milieu d’autres bois. C’est une belle hêtraie avec quelques chênes. Nous en avions vu avant mais moins qu’ici. Et stop ! Au milieu se dresse bien droit et assez jeune (20 ans) un châtaignier, l’unique spécimen de la journée. Jugé en bonne santé, pas atteint par la maladie de l’encre, il a ajouté le plaisir d’une rencontre inattendue à celui de la promenade. Cette parcelle a une forme difficile à circonscrire sur le terrain. Elle est bordée par un chemin pas évident à trouver, par un cours d’eau tout aussi difficile à trouver, mais que la lumière est belle !

Voilà, autant vous dire que si, on doit refaire des visites de parcelles, je recommande à chacune et chacun de vous d’y aller. C’est un vrai plaisir !

Merci à Jean-Pierre et Christian pour cette très belle journée.

Malik

L’équipée « en forestation »

Edition de Jean-Pierre Renault avec le groupe Poésie
Texte complémentaire et photos de Sylvie Boivin

C’est délicat de raconter une aventure inédite, où l’on décide entre associés du groupe Poésie de passer 3 jours et deux nuits en SOLITAIRE mais ENSEMBLE, dans différentes parcelles du groupement forestier du « chat sauvage », alors que l’expérience est individuelle, intime, artistique, poétique EN NATURE EN FORET.

C’est même IRRACONTABLE.. aussi insaisissable fugitif et translucide que l’animal lui-même. Voilà les scènes de trois MOMENTS COLLECTIFS assez inqualifiables, comme des moments un peu involontaires, festifs, inquiets, découvreurs…

Premier casse-croûte

C’était en juin 22, je crois, vers Brassy, mais nous avions tant de mal à trouver des dates communes (même doodolisées) pour faire ce truc inqualifiable, ça changeait tout le temps, qu’aujourd’hui je ne m’en souviens plus. Nous avons trouvé un intitulé « EN FORESTATION » en opposition avec la déforestation galopante en nos forêts. Notre gérant FRED avait retenu 17 parcelles « habitables ». Certaines étaient en cours d’arpentage avec le groupe dit « de gestion », j’en avais arpenté et délimité avec notre maître és forêt Christian Martin. D’autres comme la parcelle de Chaumeçon avait été répertoriée dans l’hiver avec les techniciens pour le plan de gestion.
Cette première réunion, casse-croute sur le pouce, pour faire connaissance entre nous, EN PLEINE NATURE, sur la terrasse de Frederic notre ange gardien à l’éternel léger sourire en coin qui rassure, fut organisante, on posait les règles, « et toi t’es en hamac » non « je suis au sol », « on garde toujours un portable chargé en secours ». Bon c’était pas un stage de survie, mais on sentait une agréable inquiétude non dite… Une convivialité sereine, une écoute tendue… Un début de liste quand même, des conseils, des sourires…

Deuxième pique-nique

Ça je me souviens de la date tellement on avait traversé des siècles pour arriver à la trouver, c’était un dimanche 3 juillet 22. On allait visiter toutes les parcelles possibles et chacune devait choisir son territoire. On a arpenté, Sylvie est allé sur le Chalaux, et Sonia, dans une autre partie sur une autre parcelle, plus haut. On découvrait. Anabelle a choisi la parcelle sur le Crescent, où Fred nous dit qu’il y a des analyses sérieuses qui sont lancées avec des spécialistes. On continue à faire les inventaires physiques des espèces, à se raconter plein de détails concrets. « Tiens c’est drôle comme le tronc de cet arbre est lisse, c’est quoi ? »…. Mais le plus drôle arrive quand nous sommes rendus sur la parcelle du lac de Chaumeçon où arrivés au bord de l’eau Fred déclare tout de go :

 » tout le monde veut venir sur cette parcelle, il faudra changer la règle du jeu des solitaires ». Alors les filles se jettent à l’eau, on déploie la nappe du pique-nique en patchwork avec les bouts des uns et des autres, à l’image de ce curieux COMMUN que nous faisons. Nous voyions Polska la glaneuse d’écriture de la nature collecter, branches, racines, formes d’écorces, feuilles (voir photos?), et nous nous racontons la suite, non pas des visites des parcelles, mais chers associé(e)s et partageurs et partageuses du bien commun, ici les traces des écorces, des écorces des grands fûts qui ont été débités dans l’hiver par l’équipe des artisans de Brassy qui débite le gros œuvre sur place et là je sens qu’il y a vraiment un autre travail de la forêt qui se met en chaîne, et on voit les tas de bois de chauffage, et on sent comme disait mon vieux galvacher que « çai y ot i bouais enteurtenu » ouais ça se voit à l’ambiance un peu paradisiaque de la partie de campagne où je reviens, ça se voit au sourire qui se sont élargis, aux regards qui se sont éclairés, à l’échange des nourritures, des saveurs, des histoires. j’aime beaucoup cette parcelle de Chaumeçon où parait-il le vrai chat sauvage giterait avec une fée, c’est chez Karen…

Ensuite je me suis perdu avec Annabelle en revenant vers les voitures, on peut se perdre même dans de petites forêts séparées des unes des autres, qui demandent à se relier. Car les forêts nous parleraient parait-il… Puis on a fait le tour des parcelles de Polska, on a balisé les chemins pour qu’elle ne
s’égare pas non plus, avec pleins de signes, des branches, des traces…

Troisième pique-nique

Là je passe la plume à une autre parce que quand j’ai vu le regard de Sylvie devant mon crâne blessé et le récit de ma chute dans la CURE, là je peux pas raconter quand je suis tombé des berges dans la nuit avec le glapissement très fort du renard. Je n’avais plus de portable pour communiquer avec toi Fred, puisque trempé, les pieds dans l’eau, sans lunettes. Bref. Ah, belle expérience irracontable… On faisait le point sur la terrasse de Fred, un pique-nique souriant, discret en paroles, encore très imprégné de l’expérience. Que ferons nous de ces engendrements créatifs plus tard ?… Que ferons-nous des vidéos du lutin rouge, des carnets de dessins, des sons, beaucoup de photos, la chose est ouverte.